7 juillet 2018
FSBK LEDENON : LE PLEIN D’ADRÉNALINE POUR LE TTS !
"A chaque fois que l’on fait le déplacement à Ledenon, la même chose nous frappe : nous sommes obligés de tomber la première pour faire monter le camion au sommet du sinueux rapaillou qui permet d’accéder au paddock."

Le tracé du circuit quant à lui est du même acabit : sinueux et incroyablement dénivelé. Par le passé, ces attributs très atypiques nous ont souvent mis à mal. La Kawasaki ZX10R malgré son indéniable puissance et son inébranlable stabilité, souffre d’un moteur pointu et d’un châssis manquant de vivacité.

Cette saison hors de question d’en rester à ce simple constat, l’équipe a travaillé d’arrache-pied pour inverser la tendance ! Nous avons énormément optimisé la réponse de la poignée de gaz et travaillé sur les mappings moteur au banc de puissance pour arrondir au maximum la courbe de puissance et de couple de la ZX10R. Nous avons également ajusté la géométrie du châssis et les settings de fourche et d’amortisseur pour obtenir le plus de vivacité possible. Cerise sur le gâteau, nous sommes allés valider tout cela pendant deux jours d’essais sur le circuit Gardois une paire de semaines avant la course. Les chronos réalisés au cours de ces deux jours d’essais ont d’ailleurs été plutôt prometteurs. C’est donc sereins et impatients d’en découdre que nous prenons place jeudi après-midi dans le box 24 du circuit de Ledenon.

En plus de l’indéboulonnable Kawasaki #17 engagée en Superbike, une autre force est engagée sous les couleurs de TTS : la Ducati 848 eXcentive #171. Engagée en European Bikes, cette moto qui nous a permis d’entamer le développement de la fourche eXcentive que l’on utilise en endurance est confiée à Bertrand Gold, journaliste-essayeur à Moto Revue. Malgré son excellent coup de guidon, Bertrand aura fort à faire dans sa catégorie face aux nombreux 1000cc 4 cylindres et autres 1200cc twin. Heureusement il pourra compter sur une moto légère, facile, vive et bonne freineuse grâce à son train avant à quadrilatère déformable.

Vendredi, premiers essais libres et Bertrand ouvre le bal. Nous abordons cette première sortie avec calme et sans prétention : Bertrand doit découvrir la catégorie, la moto (sur laquelle il n’a jamais roulé), et re-découvrir le tracé de Ledenon sur lequel il n’a plus roulé depuis quasiment 10 ans. Malgré tout, Bertrand s’en sort comme un chef et la 848 eXcentive fait des merveilles. Améliorant ses chronos très régulièrement, la Ducati #171 termine cette première séance à la 16e position en 1.31’734.

Plus tard dans la matinée, les Superbikes prennent la piste pour la première fois du week-end. Nous avons apporté quelques ajustements supplémentaires au châssis la veille après l’analyse fine des acquisitions de données de nos deux jours d’essais. Très vite dans un bon rythme, nous terminons la séance avec le meilleur temps Challenger et la 9e position scratch en 1.25’706 soit à quelques dixièmes seulement de notre chrono de qualification 2017 ! Belle entrée en matière.

Le midi, après avoir amoureusement bichonné les deux motos en vue des séances de l’après-midi, nous allons manger tous ensemble et en profitons pour apprendre à connaître un peu mieux Bertrand, notre pigiste de luxe qui semble s’intégrer très facilement à notre équipe.

Le temps de digérer, et la Ducati eXcentive est à nouveau en piste pour sa deuxième séance. Très attentifs aux conseils de l’équipe, Bertrand fait de l’excellent boulot au guidon et poursuit sa progression. Nous lui passons un train de pneus neufs et le voilà 17e en 1.30’807 au baisser du drapeau à damiers. Le vaillant petit twin Bolognais donne de bonnes sensations à son pilote et l’homme que nous affectueusement surnommé “Pépipige” se sent à l’aise. Par dessus tout il est impressionné par les capacités dynamiques de la fourche eXcentive, ce qui a pour effet d’imprimer un large sourire sur les visages de Christophe, Anthony et Bastian.

Quelques dizaines de minutes plus tard, les Superbikes sont de retour en piste ! Nous avons prévu d’essayer au cours de cette seconde séance libre un nouveau pneu arrière proposé par Pirelli, le 1050 qui est à mi-chemin entre en SC1 et un SC0. Force est de constater que ce dernier fonctionne bien malgré les fortes chaleurs ambiantes. A nouveau meilleur temps Challenger et 9e scratch en 1.24’937, toute l’équipe est très heureuse que le travail ait payé. Nous sommes clairement dans le coup pour jouer la gagne dimanche et c’est la première fois que ce cas de figure se présente à Ledenon, ça mérite bien une bonne bière fraîche de fin de journée agrémentée de bonne humeur générale !

Samedi matin, on rentre dans le vif du sujet avec les premières séances de qualification. Après concertation avec l’équipe et Bertrand, nous avons apporté quelques ajustements au châssis de la Ducati eXcentive afin de l’adapter au mieux aux grosses compressions et aux nombreuses cassures du tracé de Ledenon. Très motivé, bien reposé et parfaitement chouchouté par Camille et Virginie, Bertrand sort la grosse attaque ! Longtemps pointé dans le top-15, il place finalement la Ducati #171 au 18e rang avec une belle amélioration en 1.29’801. PonPon le taquin moqueur conclura cette séance par la réplique (désormais célèbre) suivante : “Pas mal pour un journaliste quarantenaire !” lors du retour de Bertrand au box. Malgré tout, on est tous impressionnés : passer sous les 1’30 avec une 848 brave mais fatiguée, après seulement deux séances d’essais et sans connaissance particulière du tracé, c’est vraiment beau !

Un peu plus tard, place aux Superbikes ! Nous allons réaliser cette première séance qualif’ en pneus course, SC1 devant et 1050 derrière. Cette fois encore, nous sommes rapides et réguliers.  PonPon boucle son meilleur tour lors de son 10e passage en 1’24’999. Nous sommes un peu déçus car ce n’est pas suffisant pour prendre la pôle position Challenger, mais nous terminons quand même 2e Challenger et 10e scratch. Notre rythme de course est toutefois satisfaisant : nous avons toutes nos chances pour la course !

L’après midi, les affaires reprennent avec la première course European-Bikes. Dans le box, l’ambiance reste étonnamment légère : Bertrand est serein et aborde les choses avec une saine humilité. Objectif plaisir ! A l’extinction des feux, Bertrand sort bien de la grille mais il ne tarde pas à se faire ramarrer à l’aborde du premier virage, trop handicapé par la faible puissance de la 848. Malgré tout, il boucle le premier tour à la 18e position après s’être habillement faufilé dans les parties sinueuses. Une fois le peloton étiré et les positions établies, Bertrand est en bagarre avec la Ducati 1299 Panigale de Julien Caspar pour le gain de la 17e place. Un duel qui durera jusqu’à l’arrivée, et lors duquel Bertrand donnera tout, profitant de l’agilité de la Ducati 848 pour dépasser à des endroits improbables ! Malheureusement, Bertrand perd trop de terrain dans les longues montées de Ledenon et sera forcé de s’incliner. Il franchit la ligne d’arrivée au 18e rang, complètement lessivé par l’effort et la forte chaleur. En tous les cas, il s’est éclaté au guidon et toute l’équipe est fière de sa prestation !

Pour l’équipe pas le temps de souffler, nous sommes déjà sur le pied de guerre pour la seconde qualif’ Superbike ! Nous repartons en début de séance avec les pneus du matin pour parfaire notre rythme de course et récolter des données afin d’affiner nos réglages. Passé les deux tiers de séance, nous passons notre atout pneu qualif’. PonPon prend la piste couteau entre les dents, bien déterminé à signer la pôle position Challenger. Mais emporté par sa fougue, il commet des erreurs de pilotage sur ses deux premiers tours lancés. In extremis, il arrive à boucler un troisième tour propre en 1.24.895 mais une nouvelle fois ce n’est pas suffisant pour prendre la pôle position. Nous terminons cette deuxième séance 2e Challenger et 11e scratch, un peu déçus mais toujours aussi confiants pour la course. Malgré tout et en prenant un peu de recul, c’est de loin nos meilleures qualifications sur le tracé Gardois et nous avons toutes les raisons pour rêver de victoire ! Quentin, notre mécano-stagiaire-qui-assure-grave se permet de conclure le petit débriefing post-séance par un très efficace “Bière.” qui met tout le monde d’accord, direction l’hospitality !

Dimanche matin, Bertrand se présente au box pour préparer pour sa seconde séance de qualification. Mais une expression stupéfaite envahit son visage alors qu’il se rend compte que la Ducati #171 a disparu pour laisser place à une superbe Yamaha 125cc Virago… L’équipe est affairée autour du Virago béquillé, sous couvertures chauffantes, kit NOS installé dans le top case et boitier kit branché. Fred s’affaire d’ailleurs à affiner les mappings moteur avec l’ordinateur alors que Boubou se charge de rassurer Bertrand : “t’inquiète pas on a tout inspecté et tout préparé au poil, j’ai même nettoyé moi même le disque de frein avant avec du WD40 parce qu’il était un peu oxydé.”

La franche rigolade passée, le sérieux revient et la Ducati eXcentive reprend sa place à l’intérieur du stand. Peu après, tout est prêt pour le retour de Bertrand en piste. Très à l’aise dans la relative fraîcheur du matin, Bertrand poursuit sa progression et se montre d’une constance exemplaire. En cours de séance nous lui passons un pneu arrière neuf pour repartir à la chasse au chrono dans les meilleures conditions possibles. Améliorant encore sa référence de la veille, la Ducati #171 pointe en fin de séance en 17e position avec un chrono en 1.29’645. De bonne augure pour la 2e course l’après-midi.

En fin de matinée, l’ambiance s’électrifie avec la première course Superbike. Malgré le fait que nous soyons confiants en notre potentiel, une certaine fébrilité se fait ressentir : nous visons la victoire et il va falloir réussir à trouver la bon dosage entre attaque et régularité.
Auteur d’un bon départ, PonPon se fait malheureusement bousculer dans les premiers virages et perd beaucoup de temps. A l’issue du premier tour, nous sommes pointés 14e scratch et 3e Challenger, aux prises avec un Louis Rossi déchaîné. Sur ce circuit où il est très difficile de dépasser, nous perdons pas mal de temps en début de course et la tête s’échappe. A l’entame du 7e tour, nous sommes revenus à la 10e place scratch et dans les roues d’Hugo Clere alors 2e Challenger. Quelques boucles plus tard, PonPon a réussi à dépasser Clere, Todisco et Sarrabayrouse, nous sommes alors 7e scratch et 2e Challenger. La remontée se poursuit, mais Maxime Bonnot alors leader de notre catégorie a profité d’un excellent début de course pour se creuser une confortable avance. Malgré tout, nous ne lâchons rien et la Kawasaki #17 se montre très véloce en fin de course. A 5 tours du but, PonPon a repris et dépassé Morgan Berchet pour le gain de la 6e position scratch. Le duo est rapide et revient très fort sur un Bonnot un peu en perte de vitesse. Malheureusement, il manquera plusieurs tours pour faire le break et PonPon se fait repasser par Berchet dans l’avant-dernier tour. Nous franchissons la ligne d’arrivée de cette course palpitante à la 2e position Challenger et 7e scratch !

A la descente du podium, c’est la stupeur : Maxime Bonnot est déclassé pour défaut d’étiquetage de pneus et nous sommes déclarés vainqueurs. Bien que ce soit sur tapis vert, voici notre 3e victoire de la saison ! Passé le traditionnel débriefing d’après course, toute l’équipe se réunit autour d’un bon repas pour célébrer cette belle manche.

L’après-midi, retour au charbon ! Tout est fin prêt pour la deuxième et dernière course European-Bikes du week-end. Bertrand repart sur les mêmes bases que celles de la course 1, à savoir vitesse et plaisir au guidon. Sur la grille, Bertrand est toujours aussi détendu malgré le soleil de plomb et la chaleur étouffante.

A nouveau auteur d’un bon départ puis d’une première ligne droite difficile, cette course sera un bis répétita de celle de la veille. A la bagarre 19 tours durant avec Julien Caspar et sa puissante Panigale, Bertrand vend chèrement sa peau mais n’a d’autre choix que de s’incliner. Il termine donc à nouveau 17e mais il signe une nouvelle amélioration chronométrique avec un superbe 1.29’605 dans son 15e tour. On peut dire qu’il pète la forme le quarantenaire !

A peine Bertrand de retour au box que nous sommes déjà en grille pour l’ultime course Superbike du week-end.

Bien décidé à améliorer sa performance du matin, PonPon prend un bon départ et parvient à se faire la place dans les premiers virages. A la sortie du premier intermédiaire nous sommes idéalement placés à la seconde position Challenger et 8e scratch, dans les basques de Maxime Bonnot. Malheureusement, Matthieu Lussiana est victime d’un violent high-side à la sortie du virage du pont. La Kawasaki #17 ne peut éviter le malheureux pilote de la BMW #23 alors à terre. Tout se passe en un clignement des yeux… Après un passage dans l’herbe, PonPon reprend la piste à l’arrière du peloton et boucle le premier tour à la 22e position scratch et 8e Challenger.
Sur le tracé de Ledenon, la confusion règne : alors que tout le monde attend un drapeau rouge, les panneaux “safety-car” sont présentés mais la voiture ne sort pas. Choqué par l’accident venant de se produire, PonPon peine à retrouver son rythme, d’autant que notre moto a subit des dégâts : tête de fourche et garde-boue avant cassés, protection de frein et radiateur tordus. La protection de frein s’avère être un problème de taille : tordue et pendouillante en bout de guidon, elle vient aléatoirement de coincer dans le flanc de carénage et verrouille la direction. Malgré tout, PonPon arrive à se remobiliser et revient dans la course, une folle remontée s’amorce !

A mi-course, nous sommes revenus 12e et 3e Challenger. Malheureusement nous avons perdu trop de temps pour espérer revoir la tête de course Challenger qui navigue aux alentours de la 8e place scratch. A quelques boucles de la fin, Maxime Bonnot chute et laisse les commandes de la course des Challenger à Hugo Clere. Nous voilà 10e scratch et 2e Challenger. Avec Hugo Clere en ligne de mire, PonPon poursuit son effort mais il reste trop peu de temps pour espérer ramarrer suffisamment. La Kawasaki #17 signe le meilleur tour Challenger en course dans le dernier tour en 1.24’302 et nous terminons ainsi 10e et 2e d’une course sous très haute tension.

Arrivés au parc fermé, nous cherchons à nous enquérir de nouvelles sur l’état de santé de Matthieu Lussiana. Heureusement, le gaillard est solide et mis à part une cheville cassée les nouvelles sont rassurantes. Cela nous permet d’apprécier à sa juste valeur ce 6e podium d’affilée.
De retour à l’hospitality nous savourons notre dernière bière du week-end avant l’habituel rangement, chargement et retour à la maison. Nous sommes un peu déçus des aléas nous ayant frappés alors que nous avions vraiment le potentiel pour jouer la victoire à la régulière. Mais qu’importe, tout aurait pu être bien pire, surtout en course 2 ! Nous ramenons malgré tout de gros points très importants pour le Championnat.

Au classement général, c’est le status quo. Nous conservons la tête avec seulement 3 petits points d’avance sur le second Hugo Clere. Par contre, notre très belle régularité nous permet de nous glisser à une belle 7e place du scratch. Quentin fête ça en nous gratifiant d’un superbe burn-out avec la 125 Virago !

Côté European-Bikes, Bertrand est ravi de son week-end. Il a beaucoup apprécié l’équipe, a pris beaucoup de plaisir au guidon et se montre impressionné par les qualités du châssis de la petite Ducati 848 eXcentive. On remettra ça à Albi pour la finale, avec sûrement quelques évolutions sur la moto, notamment au niveau du moteur.

Rendez-vous désormais à Magny-Cours pour la suite de ce palpitant Championnat de France Superbike 2018. Merci à tous et FORZA TTS !